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BALTHAZAR OFERTA O GUILHO
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It feels strong in my heart...
The music feels strong in my heart...
I feel so unexpectedly old...

KASPAR HAUSER



Il y a Balthazar et il y a les génies, ces entités nées dans les creux son for intérieur. Les génies qui le hantent sont sages et facétieux. Pour garder leurs secrets, ils trompent leur geôlier et fabriquent autour de lui des miroirs qui se brisent. Balthazar s'y mire, s'y coupe en outre. Comme le faune écorché avec autour de lui sa peau, il perce son enveloppe d'homme multiple, et la fait muter jusqu'à comprendre ; comment parler au monde ?



1 Présente-toi ?

Je suis Balthazar Heisch, je suis artiste. Je fais principalement des performances, j'invente des langues, je fabrique des objets ; je monte des saynètes qui convoquent les forces de ma mythologie et mettent à l’épreuve leur efficacité symbolique.

Là je suis Balthazar Heisch, mais je pourrais aussi être le faune, enfin le Conte, si j'avais mes cornes ; je pourrais aussi être la Papesse, si j'étais dans le voile de la Papesse, je pourrais être imahel ou Das Wildschwein, et encore d'autres figures qui sont les personnifications d'une énergie que je développe à un moment donné, et qui doit s'incarner en un nouveau nom et des nouveaux gestes.








Nous nous rencontrons dans la forêt de Fontainebleau - une sylve enchantée dans laquelle Balthazar dissimule, habite et transforme la terre. Ses créatures et ses esprits viennent ici se mouvoir, s'accomplir et se reposer. Nous décidons ce jour d'enraciner ce portrait ici, à la faveur d’une balade empreinte de réalisme magique, dans les pas du Faune.



2 Où est-on, et pourquoi on est venus ici ?

On est venus à Fontainebleau, près d'un point GPS où j'ai enterré un Capitan.

Les Capitans, c'est des versions externalisées de moi, qui sont futuristes dans une certaine mesure. C'est des versions de moi à 60 ans, en fait, en céramique, qui sont des autoportraits vieux, et qui ont pour vocation - ou en tous cas c'est ce que je leur demande - de répondre à mes questions de maintenant, puisqu'ils sont sensés en savoir plus, ayant plus vécu. En fait je sculptais mon visage en glaise il y a quelque années. Je me scrutais dans un miroir en vieillissant mes traits.

'Capitan', c'est la notion de cette tête en glaise. C'est aussi la notion de chef, capitaine, cap, aller vers un cap. Et ces visages de moi plus tard sont toujours creux, quelque chose peut toujours passer à travers. À l'origine, il s'agissait d'un masque qui devait me donner la sagesse, cette forme de sybille qu'est le moi de plus tard. Et en fait ils ont tous fondu au four, de sorte que les têtes se sont resserrées et que je ne peux pas rentrer dedans... Pour l'instant il y en a quatre, et parmi ces quatre il y a deux Capitans jumeaux, dont je me sers comme de téléphones.

Il y en a un qui est enterré sur les terres Sames, au nord de la Suède, qui est une terre qui souffre énormément de la culture extractiviste, et qui en même temps est pleine de contes et de légendes, qui a une mythologie très spirite, très animiste. Et donc j'ai enterré un Capitan là-bas. Et il y a le jumeau de ce Capitan, qui est fait dans le même moule, et de la même matière, qui a été enterre à Fontainebleau. Les deux sont séparés par, je ne sais plus, 2500 kilomètres, quelque chose comme ça. L'idée était de pouvoir venir me coucher près du Capitan de Fontainebleau pour entendre ce que le Capitan des terres Sames pouvait capter et me raconter de là-bas.

Et donc, Fontainebleau, qui est aussi une terre de l'extraction, qui est anciennement une carrière, qui a servi à faire globalement tous les châteaux d'Île-de-France, et qui est aussi une terre de néopaganisme… je me suis dit que le canal entre ces deux-là marcherait bien. Le souci étant que j'ai été déterrer le Capitan [de Fontainebleau] pour mon diplôme, que je suis allé le réenterrer, et que j'ai dû bouger légèrement le spot, et que maintenant je ne le retrouve plus. Donc c'est un peu un téléphone cassé quoi.

Il y a une récurrence, dans mon travail, de l'enterrement de pièces, principalement à deux endroits : le torrent du Guilho, dans l'arrière-pays niçois, donc là c'est plutôt - j'allais dire de l'aquamation, mais c'est pas vraiment ça - de l'immersion, de l'enterrement sans la notion mortuaire. On est vraiment sur de la gestation pour autrui par autrui, de la terre qui 'geste' mes projets.

Il y a plusieurs autres pièces enterrées dans Fontainebleau, la plupart ne nécessitant pas d'être trouvées. Mais le Capitan j'aimerais bien, parce qu'il a ce côté travail ondulatoire ; enfin, il est sensé me parler de quelque chose… sauf que je l'ai égaré. Là c'est la troisième fois que je vais le chercher, et que je ne retrouve pas l'endroit. C’est-à-dire que quoi que je fasse pour rendre mes objets magiques, ils sont toujours plus magiques que moi, et me la foutent à l'envers a un moment donné. Soit ils se barrent dans le métro, genre le faune, soit je les enterre et je ne les retrouve pas, soit je les fais pour pouvoir les mettre et en fait je ne peux pas les mettre, enfin ; ils ont toujours une longueur d'avance sur moi. Et du coup je suis toujours en train de courir apres une espèce de génie que je fabrique pour pouvoir discuter avec lui, mais qui me joue des tours - et c'est le principe des génies.




Pour le performeur, le linguiste, le couturier, le sculpteur sur glaise, le chasseur-cueilleur, le garde-forestier, le faux-murailler, pour le mammifère omnivore qui agit d'instinct, guidé par les soifs primaires et les faims pulsionnelles, pour l'animal sauvage qui du fond de l'œil, du fond de la cervelle observe autour de lui s'agiter les formes et les bruits, pour le grand vieux sanglier qui se meut tapi et se fraie une route dans la roche, Balthazar retourne au bois - nous y allons avec lui.



3 Tu es quel personnage, si tu es un personnage, ici tout de suite ?

Je sais pas trop, est ce que Balthazar Heisch est un personnage parce que j'ai inventé mon nom et mon prénom ? Je sors d'une tornade, une tourmente qui m'a très dé-situé ces dernières années, du coup je sais pas du tout où je suis la maintenant. La notion de personnage, je l'utilise pour communiquer parce que c'est pratique, mais en réalité c'est vraiment des génies. Les génies ne communiquent pas, ils disent. Et dans mon travail il y a beaucoup de lien avec mon langage ; la langue que j'invente.

Le fait de m'être choisi mon nom de famille, et d'avoir décidé de mon prénom, c'était aussi une manière de placer un génie a un endroit, et ça m'a permis de faire des choses que je ne pouvais pas faire avec mon ancien nom ou mon ancien prénom. Par contre on est évidemment pas au même endroit que quand c'est la Papesse ou quand c'est le Conte, parce que Balthazar ça peut pas être un génie, il est là en permanence. Donc je suis quand même toujours cette personne que j'ai créée. J'ai modifié mon corps, j'ai modifié mon nom, voilà.






Balthazar a cessé d'élever des murs. Il s'est aperçu que les vraies architectures magiques sont les passages et non les parois. Il s'est mis à bâtir des ponts, des liens, des langages ; tout ce qui ouvre et agrandit les voies.



4 Où est-ce que tu travailles ?

Dehors - c'est toujours dehors.

En tout cas, ce sont des lieux qui sont déjà habités, et où je dialogue avec ce qui habite déjà dans ces lieux. Il y a très souvent de l'eau, et il y a très souvent la question de la faille ou de la grotte, d'un volume qui est au-dessus de moi. Ou la notion de creuser. Et puis, il y a la question des bois. La forêt, l'éternel retour, tout ça, on est assez habitué.

Le Guilho c'est un endroit qui, je dirais, compile trois aspects : le côté grotesque en tant que foyer de mon ecosystème, le côté aquatique, et le côté forestier. Et tout ça, en fait, a très à voir avec le sanglier. Parce qu'il y a aussi ce génie-là dans mon travail, et il est à pleins endroits : j'ai tanné une peau de sanglier, j'ai fait des godemichés en forme de sanglier, il y a beaucoup de mes pièces qui s'appellent 'wildschwein' (sanglier en allemand).

Le sanglier est un creuseur, il fait des trous. Il se couche dans des bauges en trou, il farfouille dans l'eau et il est sylvestre. Donc ces trois éléments-là - même si je ne l'ai jamais formulé comme ça, d'ailleurs - ils sont particulièrement présents dans le torrent du Guilho, que je considère comme mon atelier principal.

Fontainebleau, c'est un atelier de proximité et de facilité, qui m'intéresse infiniment mais avec lequel je n'ai pas un lien aussi fort, aussi brûlant qu'il peut y avoir avec le torrent - où j'ai d'ailleurs fait cette pièce 'Oferta au Guilho', qui est une marche avec un marcassin mort au creux des mains. C'est le terrain où j'ai appris à fréquenter les sangliers.

C'est aussi là-bas que je l'ai choisi comme animal guide, comme génie du travail. Et c'est très beau en plus, parce que sanglier, ça vient de 'singulier', qui vient lui-même de 'porcus singularis', qui en latin veut dire : creuseur seul. Et ça résume assez bien mon travail, je fais des trous. Tout seul.







Balthazar est par essence un autel à lui-même. Un cantilène, un hommage à toutes celles et ceux qui façonnent des chemins de traverse. Il interroge le temps, se met à son épreuve. Vaque inlassablement à des ouvrages sans finitude. Il ne sait rien faire seul, alors il prie ses génies de demander à la pierre qu'il travaille ce qu'elle a dans le cœur. Et parfois la pierre parle, et elle lui répond avec malice que dans son cœur, il y a un autre cœur, plus dur, qui, comme la foi de Balthazar, ne s'érodera jamais.









5 Parle-nous de la langue que tu as inventée.

C'est une langue spontanée et bruitiste que j'ai commencé à faire venir - ou disons, à accepter qu'elle vienne - en 2018, et dont je cherche encore le statut. Je ne sais pas si elle a une valeur de manifeste, si elle a une valeur de prière…

Je pense que j'ai évacué la question de la communication avec : pour l'instant, je suis le seul à la parler. Et encore, je ne la parle pas, en fait. J'ai un rapport à cette langue qui est assez similaire au rapport qu'on pouvait avoir avec le latin, jusqu'à pas si longtemps.

C'est une langue très livresque. Je suis obligé de me référer à mon dictionnaire pour retrouver les mots… J'ai des mots qui me viennent comme ça, mais je ne peux pas faire des phrases spontanément avec. Du coup, ce sont des textes que je travaille et qui me permettent d'inventer des mots que je ne trouve pas en français.

Il y a des concepts qui sont complètement intraduisibles alors que d’autres ont un équivalent stricte. Mais il y a surtout des logiciels spécifiques qu’on ne retrouve pas en français.

Déjà, syntaxiquement, ça ne se passe pas pareil, il y a un peu d’allemand, un peu de n’importe quoi. Et il y a beaucoup de sons qui n'existent pas en français. Il y a des clics, il y a certaines formes de grognement. J’ai voulu aussi affecter la langue par un principe de ‘charges’ : elles portent le nom de certaines personnes dont elles synthétisent l’énergie, et quand je les emploie elles modifient tous les phonèmes de la langue. Donc, alors que je n'ai pas encore un glossaire très précis, il y a déjà des choses qui modifient la texture même des sons, parce que je vais être investi de tel ou telle hôte.

Pour l'instant il y a cinq grands concepts qui guident mon travail, concepts qui viennent de cette langue et pour lesquels je n'ai pas de synonyme à donner en français:

⏵ bôr°oèm

Le premier, c'est 'BȎR̥ȎEM'. Peut-être le maître mot de cette langue. C'est une force de pénétration sans conditions. C'est-à-dire qu'elle peut traverser tout milieu, tout état, toute pensée sans jamais rencontrer d'obstacles. Et c'est un peu ce vers quoi tendent la plupart de mes travaux, ou en tout cas mes pièces maîtresses. Il y a des manières spécifiques d'écrire des mots en langue.

⏵ j°edaj°

Il y a '⌡EDA⌡', la notion d'écoulement permanent, ou l'éternel ravinement du monde.

⏵ sèhidil

Il y a 'SÈHIDIL', qui est une forme de joliesse, ou de gratuité de la forme désintéressée de la rigueur conceptuelle. C’est une forme de vanité — c'est-à-dire qu'il contient sa propre mort et sa propre nullité —, mais en flirtant, alors que la vanité ne contient pas forcément la notion de séduction.

⏵ darrlas

Il y a 'DA꞊ԆLAS', qui est le point à partir duquel les choses apparaissent ou disparaissent de l'oreille, d'un champ de vision, d'une idée, mais ce point est impossible à localiser précisément. C'est-à-dire, tu ne sais pas exactement où il est, mais il existe. C'est un moment où la chose que tu vois disparaît. Imagine quelqu'un dans la brume qui s'efface lentement, et entre ta persistance rétinienne, ou l'idée que peutêtre tu le devines dans cette brume, ou la sensation qu’il est déjà parti, alors qu'en fait non, tu pourrais le voir encore… enfin voilà, il y a un point où il a véritablement disparu, mais tu ne peux pas localiser ce point exactement.

⏵ kuremet

Et le cinquième, 'q.w!r°èmèt', c'est la structure porteuse, qui est censée porter à la vue un objet précieux. C’est un support, un présentoir, un échafaudage, un commis qui présente un autre objet, mais qui prend tellement de place – c'est assez courant, dans ma langue, les mots qui contiennent leurs propres contradictions – qu'il efface l'objet qu'il est en train de porter. Ce serait un peu sommaire de le résumer comme ça, mais c'est comme une bague qui sertit une pierre et dont le sertissage est plus gros que la pierre elle-même : l’ouvrage-manifeste tient plus dans la bague en soi que dans la pierre, qui s'efface derrière sa structure.

C'est les cinq mots autour desquels j'articule pour l'instant la plupart de mon travail, et je n'ai encore jamais eu de pièce où je me dis, tiens, il faut inventer un nouveau mot parce qu'elle ne répond à aucune de ces cinq énergies.








Balthazar cartographie ses labyrinthes intérieurs. Il sème derrière lui des cailloux pour ne pas se perdre, sans savoir qu'ils sont vivants et le berneront. Habité de génies qui l'entraînent à leur suite, il se fait marcher, va à sa propre rencontre dans des lieux- sanctuaires, se murmure à lui-même dans la langue séculaire. Parti depuis longtemps à la découverte de sa théurgie personnelle, il compose des rituels pour se parler, peut-être se comprendre ; invoquer la sagesse nécessaire pour répondre tout seul à ses immenses questions.







6 Tu tisses des histoires qui font partie d'un tout, qui t’habitent ou bien que tu habites, et que tu vis dans ton quotidien. C'est quoi tes référentiels de narration, de fiction ? Qu'est ce qui t'a placé dans ce rapport aux histoires, à leur réappropriation, quels en ont été les prémisses ?

Je dirais qu'il y a deux volets. Il y a une première expérience, qui est en fait ma première expérience artistique. C'était un concert de rock. J'ai aucun souvenir de s'il était bon, moyen, expé… je devais avoir peut-être 6 ans, Et j'ai eu une expérience de synesthésie qui m’a pétrifié. Entre l'odeur de parfum gras qu'il y avait sur la poignée de la fenêtre à côté, le mec chevelu sous les douches de lumière, la musique, la vibration du sol… c'était une expérience de terreur, vraiment. Et je pense que les performances que je fais courent un peu après ça, et qu'elles essayent de digérer cette terreur-là.

Et il y a un deuxième volet, qui est la maçonnerie paysagère qui, jusqu'ici, m'a mené à beaucoup d'impasses. C'est une épiphanie profane sur des angles, des escaliers, des ponts, des berges, des dispositifs de captage de sources, des manières de faire des routes ou des vestiges. Et je pense que c'est deux volets assez séparés.

Il y en a un qui m'amène plutôt du côté sculptural, et l'autre qui m'amène plutôt du côté de la performance, et aucun n'est du champ de l'art contemporain. C'est ce qui fait aussi que je ne sais pas où me placer entre le prestidigitateur, le chanteur de cabaret, le mec qui range des cailloux dans ses étagères. C'est quelque chose qui est un peu difficile à raccorder avec le marché de l'art et, en même temps, qui marche très bien dans le marché de l'art - il ne faut pas non plus se leurrer là-dessus -.

Mais moi, d'un point de vue du placement, c'est des références qui sont de l'ordre de la vie de tous les jours et qui sont très profanes. Et je pense que c'est aussi l’analogie que je fais entre la musique et la pierre, ou le langage et la pierre, qui sont vraiment la même matière. Pour moi, c'est des matières à la fois très, très dures presque diamantaires, et très, très métamorphes. Et il y a toujours cette dynamique entre les deux. Fluidité, sédimentée, dureté, rentrer dedans, plaques qui sautent, viscosité à l’échelle millénaire… le boroem, il est exactement là. C'est comme rendre ondulatoire la pierre, en fait, ou s'enficher dans les failles. Mon premier réflexe, c'est de me foutre dans un trou, et c'est un trou de pierre. Donc, ça rassemble un peu tout ça.








7 Le son qui t'accompagne partout en ce moment ?

C’est Le récit des syrènes : Quel soleil, d’Antoine Boësset.


8 Un mot de la fin en langue ?

'ANDÈLƜ IL SABR̥AT' {Andelou il sabrat}. Ça veut dire… ah, c'est difficile à traduire. 'ANDÈLƜ', c'est une salutation, 'il', c'est la notion de rassemblement, et 'SABR̥AT', c'est le travail d'un collège de pensée. Donc si on devait traduire en français, ce serait un espèce de : merci pour cette interview.










Passe Paume, Performance, 2016, EnsAD
photographie © Balthazar Heisch



Oferta au Guilho, action et film, 2019
vidéo © Alice Brygo



BÉVÈR̥͡ ALMÈL, action et vidéo 2021, 100% l'Expo
captation © Octo ASG






Passe Arcade, performance 2022+2024, Galerie Chapelle XIV
photo © Cha Gonzalez




DƜR̥., action et affiche lexicale, 2023
photo © Jules Galais




CISTERS, partition 2024, Abbaye de Maubuisson
photo © Balthazar Heisch




Glory Hole, Projet d'Amer Remarquable sur la Seine 2024, Dans le sens de Barge
photo © Balthazar Heisch




"Quoi que je fasse pour rendre mes objets magiques, ils sont toujours plus magiques que moi, et me la foutent à l'envers a un moment donné."



PORTRAIT DU 19.02.24
TEXTE ET DESIGN : PAULO GATABASE
PHOTOS, VIDÉO ET SON : ZOÉ CHAUVET